Gégé, notre G.O du club nous a proposé comme sortie inoubliable l’aven du Provençal, un nom bien de chez nous qui fleure bon le thym, les cigales, la pétanque et la belote. Ca tombe bien car nous sommes 4 au RDV secteur Bergerie de Siou Blanc. ( Isabelle, Gérard, Philippe et Robert ) .
Gaëlle s'est désistée préférant se consacrer à la révision de son examen qui aura lieu mardi. Bonne chance à toi Gaëlle.
Equipement du groupe, discussion et en route pour une longue marche d’approche de ….5 mn et oui, c’est aussi ça la Provence.
Gégé se lance dans l’équipement de l’aven dont l’entrée, il est vrai n’est pas bien grande et bien intime comme….une crèche provençale.
Gégé : Il est 10h15 à la montre de Robert lorsque je me lance dans l'équipement de cet aven. Je suis dans l'ambiance dès le début. L'étroitesse du premier puits me rappelle que ce ne sera pas de tout repos. C'est Philippe qui me suivra. Cela fait plusieurs fois qu'il vient avec nous, il est temps qu'il se charge un peu et qu'il soit confronté à des passages difficiles.
Et on y va !!! avec le sourire.
Notre G.O = Gégé.
Puis c’est au tour de Philippe qui s’y lance mais cette fois ci avec un bon kit aux fesses.
Premier essai, le descendeur se bloque, pas moyen descendre. Bon, ben Philippe remonte. On regarde bien le matériel, la corde, le Philippe…tout est bon.
Deuxième essai : re-coincement, la corde ne file pas…ressorti du dit Philippe et on change le descendeur de place.
Troisième essai : et oui, quand on aime ….on ne compte pas ! Re-sortie du spéléo toujours avec le kit bien plein qui sera donné à Robert.
Quatrième essai : c’est bon ça descend pas vite, mais ça descend.
En fait ou l’entrée est bien étroite ou Philippe est plus, comment dire….générateur de coincements.
Gégé : Le premier puits est équipé et je file dans le boyau qui permet d'accéder au puits de la Martinique. Mais avant le puits il y a cette étroiture qui me semble de moins en moins large avec le temps. Je me positionne sur le dos après avoir équipé en main courante l'accès au puits, je me lance dans cette difficulté en me positionnant sur le ventre. Il faut quand même vider ses poumons afin de bien passer. Ouf !le rognon est passé et j'équipe la tête du puits de 25m. Mais où est Philippe? Il ne m'a pas suivi?
Robert descend ensuite avec le fameux kit jusqu’au premier pallier ( - 4m ) et rejoint Philippe qui s’empresse lentement de prendre son ami le kit.
C’est au tour d’Isabelle, qui passe le premier puits comme une lettre à la poste et double Robert pour assurer la surveillance de Philippe.
boyau avant l'étroiture
Derrière l'étroiture
Gégé : 10 à 15 minutes passent avant que j’entende le bruit de frottement de sa combi dans le boyau. Dès qu'il arrive à ma portée je me renseigne sur ce retard. L'étroitesse du puits d'entrée lui a procuré quelques difficultés de franchissement surtout avec un kit.
La première leçon retenue par Philippe est qu'il faut toujours analyser la configuration du puits avant de se lancer avec un kit au cul.
Je prends son kit et l'accroche à la tête de puits. Après quelques conseils sur le franchissement de l'étroiture je me lance à la poursuite de l'équipement. J'entends plus haut que Philippe franchi l'obstacle avec beaucoup d'effort.
Gégé, qui commençait à trouver le temps long, équipe la suite et passe une étroiture bien sélective. Philippe lui emboîte le pas, lui passe le kit et après plusieurs essais réussit à passer cette boîte aux lettres.
Isabelle le suit et trouve la solution pour s’enfiler dans le passage. A mon tour d’y aller !!! Bon, analyse de l’étroiture, délestage de tout matos susceptible de gêner le passage, pose de 2 petits kits avec une sangle pour récupération. On y va…on essaye d’y aller, deux puis trois essais….bein ça passe pas. Pas de problème, je vais mettre le descendeur en bout de longe courte pour diminuer le volume. Et un et deux et trois Zéro …pas moyen de passer au niveau de la poitrine….et peut-être quelques centimètres de plus autour de la taille que dans ma jeunesse !!!!
Je remonte un peu et attend patiemment que quelqu’un s’inquiète de mon sort.
Gégé : J'arrive à la base du puits et commence à équiper la tête de main courante qui permet de se lancer dans la deuxième étroiture. Philippe arrive suivi d'Isa. Je prends la corde du deuxième kit et me lance dans le mini boyau donnant accès à l'étroiture du P10. Une fois couché dans le boyau j'entends Isa qui appelle désespérément Robert qui tarde à répondre. Et d'un coup sa grosse voix se fait entendre disant que ça ne va pas!.
Qu'est ce qui se passe? Est-il coincé ? Je ressors du boyau et décide d'aller le rejoindre le plus vite possible. Une fois arrivé en haut du P 25 je vois Robert face à l'étroiture et je peux lire dans ces yeux que le doute est présent. Il a bien tenté de franchir le passage mais la pression sur sa cage thoracique étant trop forte il a décidé de rebrousser chemin. Nous faisons le point ensemble et nous décidons d'arrêter la sortie pour nous consacrer à un autre aven (La percée) qui se trouve un peu plus loin. Pas de risque on est là pour se faire plaisir!!!!
Du côté de l’équipe en bas, au fond du puits de 25 m, ils sont surpris de ne pas voir arriver Robert. Après plusieurs appels, nous comprenons qu’il y a un problème !
Le groupe remonte du premier puits et c’est heure de vérité. Isabelle se présente devant l’étroiture et grâce à quelques aides de Robert arrive rapidement à s’extraire de cet étau.
Bien entendu, c’est dans une petite salle d’un quart de mètre carré, donc très intime, que l’on se croise, car Isa passe entre les jambes de Robert.
Au tour de Philippe qui, rappelons-le, est moniteur de plongée.
Je n’énoncerai pas ici toutes les solutions inventées par les uns et testées par Philou !!!! Peuchère, le voilà le Provençal avec ses passages rastègues …
Gégé : Je rejoins Philippe au sommet du puits et nous faisons le point ensemble sur le franchissement de cette délicate faille étroite. Je lui conseille de la passer sur le dos et d'utiliser ces pieds pour se repousser de la paroi. Robert étant de l'autre côté il sera à même de l'aider. Voilà Philippe parti dans l'étroiture et cet à ce moment que la galère commence. Il passe un bras puis le deuxième mais voilà que le casque le gène dans les mouvements. Il tente plusieurs fois de s'immiscer dans la faille mais ça coince. Robert récupère son casque. Philippe gagne en mobilité mais cette fois c'est le croll qui bloque et qui vient lui compresser la cage thoracique. Il tente plusieurs fois de passer sur le ventre et puis sur le dos, rien ne passe. Et on retente l'expérience? Ca ne passe toujours pas. Robert décide de mettre en place un palan afin de le hisser
Philippe comme .....un colis à la poste!
Bon, analyse de la situation…il faut sortir l’arme secrète ….le palan mouflé.
Robert, qui a toujours sur lui de quoi se sortir de nombreuses situations non nomenclaturées, et avec la petite corde de secours dans le kit du club, pose un système pour ( je fais court , hein ! ) accrocher Philippe via l’intermédiaire de Gégé qui en profite pour enlever le bloqueur poitrine du malheureux. ( on vient de passer 1heure, mine de rien, de palabres, de tests en tout genre )
Soit-dit en passant la pratique de la plongée sous-marine permet de forger un caractère et un calme stoïque face à des situations bien plus dangereuses que ce hiatus dans la progression. Et notre Philippe fait montre de ce calme Olympien … qui ne l’empêche pas, quand même, de citer des noms d’oiseaux ce passage maudit.
Gégé : Une, fois le palan installé je lui accroche le noeud de la corde dans le haut de son croll. Robert pourra le hisser et l'aider à franchir l'obstacle. Philippe repart dans l'étroiture. Ca ne passe toujours pas!! Le croll lui fait trop mal. Je lui enlève son croll de son baudrier et attache la corde dans le MAVC. Et on retente le franchissement. Ca ne passe pas car il ne monte pas assez haut de façon à se positionner à l'endroit le plus large. Philippe s'épuise, il est temps de se poser et de reprendre des forces avec une barre de céréales. J'installe 2 sangles pour qu'il puisse y glisser ses pieds afin de pousser dans la bonne direction. Son pied droit est bien calé dans une des sangles et il arrive à se positionner à l'endroit le plus large. Il va falloir combiner l'effort de poussée et de traction. Robert est aux aguets. Cela fait 1h10 que nous bataillons dans cette étroiture. Vas y Philippe c'est maintenant!!!. Il se hisse à hauteur du passage et je le vois filer dans l'étroiture mais cette fois les hanches sont bien placées. Philippe cri à Robert de tirer et d'un coup je vois son bassin franchir l'étroiture. Ouf! Bravo Philippe! Quelle ténacité !
Et voila donc, enfin, Philippe qui nous apparaît comme….une seconde naissance et remercie ses sauveteurs Gégé et Robert de leur travail d’équipe pour le sortir de cette situation difficile. C’est ça l’esprit spéléo : « l’entraide dans la bonne humeur ! »
Gégé : moi, je ne sens plus mes jambes et pourtant il va falloir la passer cette étroiture! Je me présente dos à l'étroiture et me positionne bien haut du coté le plus large. manque de pot, le croll est trop monté je me retrouve bloqué au milieu de la faille. Je suis obligé de redescendre et de donner du mou au croll. L'essai suivant sera le bon.
Chacun reprend ses esprits, range le matos et c’est le retour vers la surface toute proche. Tout le monde sort enfin de cette cavité bien intime sous une légère pluie fine, larmes d’adieu du Provençal, qui a bien compris qu’il ne reverra jamais Philippe ou sinon avec un marteau et burin ( vengeance !!!).
Palan mouflé....Et enfin.....la délivrance !
Retour aux voitures pour se changer et nous nous dirigeons vers la bergerie des Cuillerets pour le traditionnel repas où des mets fins ( eux !!! ) nous délectent. Pas de gâteau cette semaine : il faut mincir ! (est-ce une prémonition ???)
Comme on dit en montagne, l’important est de revenir avec le même nombre de personnes qu’à l’aller.
Heureusement que samedi dernier, nous avons bien profité de l’exercice falaise ( passage de nœud, décrochage, mouflage ) qui a permis à tout le monde de se sortir de cette mésaventure.
Gégé avait juste oublié de préciser les objectifs de cette sortie de fin d’année : passage d’étroitures et mise en pratique des techniques mouflage et palan !
Gégé : La deuxième leçon retenue par Philippe est qu'en spéléo l'esprit de groupe est le plus fort et que c'est avec celui-ci que nous avons pu trouver une solution au problème.....
( weight watchers, of course )( sans rancune mon Philou)
Robert